Avant le départ
Je me suis souvent demandé pourquoi je voulais partir sur le chemin de Saint Jacques, il y a tant de routes à prendre autrement, des balades moins connues, peut-être plus authentiques où j’aurais pu découvrir l’inconnu.
Le Puy – Aubrac, je connaissais déjà en partie, à cause des origines de ma belle-famille d’une part et des innombrables parcours effectués entre l’Ain et le Lot où j’avais vécu quelques temps.
Mais c’est un petit bout de Saint Jacques que je voulais, peut-être pour faire comme tout le monde, je ne suis pas une aventurière et je savais que sur ce chemin, je ne me perdrais pas, il y a foule paraît-il ! Je ne voulais même pas en faire un acte obligatoirement religieux même si je suis capable parfois de laisser mon témoignage dans les livres d’or des églises.
J’avais envie, en outre, d’être un peu seule, de tenter une expérience en étant maître de moi-même, je pourrais échouer, n’ayant pas l’habitude de porter un sac sur le dos et je savais que je risquais d’en baver un peu. Une solution intermédiaire m’aurait convenu : E aurait fait l’intendance et m’aurait retrouvée tous les soirs, je n’aurais eu alors à porter que mon sac de pique-nique. Mais ça ne se ferait pas comme ça, il avait à faire à la maison et le désir de solitude me plaisait bien.
Et puis, des circonstances de ma vie familiale m'ont fait repenser à ce voyage.
L’évidence s’est alors imposée à moi : ce trajet d’une semaine pas plus serait dédié aux enfants malades, à leurs parents, à leurs familles et toutes les douleurs associées. Pourquoi ne pas espérer après tout, simplement demander d’adoucir les plaies béantes, ouvertes à toutes les larmes…