Le cimetière marin de Sète
Juin 1940 : repli de troupes françaises vers le sud de la France (Le 22 juin, l’armistice est signé et à cette date l’avance allemande ne dépassait pas les banlieues sud de Clermont-Ferrand ; le reste de la retraite de ces batteries étaient donc inutile mais aucune information ne passait):
« Comme par enchantement, nous retrouvâmes alors des officiers supérieurs qui nous affectèrent à la défense du port de Sète contre toute approche d’avions non identifiés, en clair : anglais. Ils n’avaient rien à craindre de nos trois obus restants, le Midi ne semblait pas posséder de munitions de ce type. Mais nous fûmes obligés pour le principe de mettre nos canons en batterie. La moitié de l’effectif demeurait sur la position tandis que l’autre se baignait sur la plage de Frontignan. Les services étaient logés dans un grand mas inoccupé surveillé par des fermiers. Lefèbvre y avait sa chambre et je couchais dans la vaste bibliothèque contenant de très nombreux et beaux livres illustrés et numérotés, dont les Contes des Mille et Une Nuits.
Des officiers supérieurs allemands vinrent répertorier et inspecter notre batterie, moment désagréable en dépit de leur correction. Puis un capitaine d’active vint prendre le commandement ; comme par hasard il avait « fait » la guerre dans un bureau à Grenoble !
Le 10 août je logeais à Sète pour y attendre ma démobilisation ; j’y découvris un excellent professeur de violon qui accepta de jouer de la musique de chambre (l’auteur est au piano). Sur son beau demi-queue je pus ainsi passer quelques heures agréables pendant que sa maman nous surveillait dans la pièce d’à côté, porte entr’ouverte. Le 30 août je recevais solde et feuille de route. J’étais loin de penser que je serai remobilisé en février 1945. »
(Extrait des souvenirs (1908-1975) de Jean Vilars, mon père. Edition et réalisation : l’arbramo)
C’est un peu à tout cela que je pense tandis que je contemple le port de Sète depuis ce beau cimetière marin qui regarde la mer.
Fait amusant, c’est aussi ici qu’est enterré son homonyme et célèbre acteur de théâtre que fut Jean VILAR (sans S) (1912-1971).
Un autre homme célèbre est aussi présent en ces lieux :
« Ce toit tranquille où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
O récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux… »
Paul Valéry (extrait de « Le Cimetière marin »)
Les petits cailloux sont des témoignages de visites à la manière d'une tradition juive.