Sur le chemin des estives
Les troupeaux de Llivia, enclave espagnole, ont le passage libre pour se rendre aux pâturages du Carlit. C’est donc cet ancien chemin de transhumance qui domine la vallée d’Angoustrine et la Basse Cerdagne que nous empruntons aujourd’hui.
Nous innovons le parcours au départ afin d’éviter la route du bas et nous montons à partir d’Angoustrine, sous le soleil, jusqu’à une ligne de crête qui domine à environ 1800 mètres le village de Dorres.
Nous sommes dans des herbages et quelques cloches résonnent au loin, nous laissant entrevoir des vaches à la robe noire et blanche qui ressemblent plus à des hollandaises qu’à celles du coin à la robe plus caramel. Nous croisons une maisonnette de berger bien entretenue, hormis la vitre cassée à l’unique fenêtre mais le toit en schiste est en bon état.
De là, la vue est étendue. Les bergers savaient choisir leurs endroits, à moins que ce ne soit pour avoir une meilleure surveillance de leurs troupeaux.
Parfois on voit au loin quelques conduites d’eau forcées et une petite centrale électrique dans des vallons en contrebas.
Puis, c’est la chapelle de Sant Marti d’Envalls et sa légende, qui n’est qu’une légende, celle d’un vieux village qui aurait été emporté par une avalanche, dont il ne subsisterait, presque miraculeusement que cette église. Billevesée que tout cela, bien sûr, cette chapelle n’était qu’une halte pour les pèlerins qui allaient à St Jacques de Compostelle.
Sur l’autel, des ex-votos, dont un qui a particulièrement attiré mon attention : une lettre, une écriture à la plume, attestée par les pleins et les déliés de mon enfance sur un papier bien usé : un crime évité ! « Je vais étranglé Euphraise Laffont non tu ne l’étranguleras pas parce que nous sommes les trois médecins de Jésus-Chris Notre Seigneur Saint Pierre et Saint Jean… » (orthographe respectée)
A la retenue d’eau, non loin, on commence le chemin du retour au milieu des bouses de vaches que j'ai aperçues, celles-là ont une robe toute dorée.
…
Ceci pour permettre la circulation des petits poissons.
Et bien, non, pas de pitié, le sentier remonte encore une fois à 1800 mètres, sur l’autre crête, histoire de nous épuiser un peu plus.
Le chemin, ce n’est ni celui du bas, ni celui de gauche mais tout en haut, celui qu’on ne voit pas sur la photo.
Heureusement, quelques jolies fleurs se présentent sur notre passage comme cette Carline dorée (je ne les connaissais qu’argentées),
Et cette fleur de plante grasse inconnue au bout de sa tige couleur saumon :
Avant de redescendre, nous contemplons Thémis et ses 101 mètres de hauteurs que regardent les 200 miroirs plans mobiles ou héliostats. Après avoir été abandonnée en 1986 et utilisée jusqu’en 2004 par des astrophysiciens, le site retrouve un intérêt aujourd’hui avec la mode de l’énergie solaire…
Un peu avant l’arrivée, j’ai aimé ces prés, signes que nous avions enfin rejoint la vallée et la douce civilisation !
Avant de rentrer, nous avons bien mérité, pour nous délasser, de nous tremper dans ces bains d’eau sulfureuse et chauds de Dorres à odeur d’œuf un peu pourri. Ma chaîne de cou en argent en est resortie toute noircie! Ces bains remontent au Moyen Age. Ils n'ont pas beaucoup changé depuis l'année 1992. Comme on le voit, on n’est pas tout seul à avoir eu cette idée. Pourvu que le requin...
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