Les anti madeleines de Proust
En passant en Haute Loire, à Lavaudieu, j’ai vu qu’un magasin, une échoppe, était spécialisée dans les produits d’apiculture et notamment les « nonettes ».
Vous connaissez sûrement les « nonettes », ces petits gâteaux, genre pain d’épice à la croûte dorée, très sucrés et fourrés à l’orange. Pour moi, c’est toute une histoire ou un souvenir, comme vous voulez : celle d’une petite fille, pas tout à fait encore une jeune fille qui va, en voiture, en 403 à l’époque, de Corbeil-Essonnes à Paris pour sa leçon de piano toutes les semaines. Soit une bonne heure et demi aller, une bonne heure et demi retour pour deux heures de piano (ma sœur et moi). Il fallait bien se sustenter et invariablement, ma mère, croyant nous faire plaisir et par une sorte de tradition, nous sortait ces fameuses nonettes d’un paquet qui n’a pas du beaucoup changer depuis.
Je n’aimais pas la voiture, l’odeur m’était pénible, j’étais à l’arrière et j’avais mal au cœur, je n’aimais pas ces parcours qui bouffaient toute mon après-midi du jeudi, j’avais peur de ces leçons car je savais que je n’avais pas assez étudié mon morceau et que je serais sermonnée… Je n’aimais pas ces nonettes écœurantes…
1959
1962