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Un certain chêne vert
18 mai 2008

Du 12 au 18 mai (1ère partie)

Lundi

         Retour vers le massif du jura. Le temps est mitigé, brumeux sur la côte méditerranéenne et orageux dans l’intérieur avec une bonne pluie vers Grenoble. Cette fois, nous faisons l’essai d’un trajet par Gap. Les travaux de Lus la Croix Haute nous ont refroidis.

         Au passage, je glane quelques photos intéressantes mais prises au vol dans la voiture d’où une qualité parfois médiocre.

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Massif des écrins

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Une petite leçon de géologie

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Les vaches sont en ville à Gap sur un superbe rond-point

Avant Laffrey, à une trentaine de kilomètres de Grenoble, tristement célèbre par un accident d’un car polonais dans la terrible descente à forte déclivité (12%), se trouve la statue de Napoléon Bonaparte à cheval, symbolisant sa rencontre avec les troupes royales le 7 mars 1815, au retour de l’Ile d’Elbe. Courageusement, Napoléon s’avança à la rencontre des royalistes venues l’arrêter dans sa progression vers Paris et seul devant ses troupes sur ce qui est désormais appelé la « prairie de la rencontre », il s’écria : « Soldats, s’il en est un parmi vous qui veuille tuer son Empereur, me voici ».

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Arrivée à P le soir à 21H avec beau temps mais une température de 8°.

Jeudi

         Aujourd’hui, journée banale, comme les autres et mes patients défilent dans mon cabinet, toutes les demi-heures, comme d’habitude. Ce sont en majorité des enfants qui ont des problèmes de langage ou de lecture et d’orthographe. Ils sont dysphasiques, dyslexiques ou dysorthographiques. Tous sont intelligents, voire pour certains surdoués. Mais le jeudi est la journée la plus chargée en hyperactifs : cinq adorables petits qui bougent et n’arrivent pas à se concentrer plus de deux minutes. Certains parlent tout le temps, interrompant la rééducation pour raconter leur vie. D’autres s’agitent sur leur chaise, changeant leurs jambes de place à tout moment, s’asseyant à moitié. Je reçois d’ailleurs moult coups de pieds. Mais pourquoi ai-je mis un pantalon blanc ? De retour dans la salle d’attente, pendant que je discute ave sa maman, une petite fille passe de chaise en chaise en tournoyant sur elle-même. Un autre agite rythmiquement ses jambes comme un métronome en torturant en même temps les manches de son tee-shirt avec ses doigts tandis qu’il lit. Ce qui fait un peu beaucoup de gestes à la fois et nuit bien entendu à la qualité de la lecture.

Et moi, alors dans tout ça. Et bien, à la fin de la journée, j’ai des impatiences dans les jambes. L’hyperactivité, c’est contagieux… Et pour ça, le ministère de la santé ne m’a pas donné de masques comme il l’avait fait pour l’éventuelle épidémie de grippe aviaire !

Vendredi

         Cette nuit, j’ai fait un bien drôle de rêve :

J’ai du linge à laver mais ce linge n’est pas banal : je le regarde, éparpillé dans la panière en plastique bleue, celle que j’ai descendue de la lingerie et qui, comme me l’a dit E, hier soir, fait désordre dans l’entrée. Ces différents vêtements se transforment en mots. J’ai donc des « mots » à laver et je dois classer les mots pour les répartir dans les casiers de la machines : casier pour « chaussettes », casier pour « pantalons », casier pour « pulls »… Dans chacun de ces casiers, il y a des spécialités et les chaussettes vont se répartir en sous catégories qui dépendent des phrases que je prononce. Par exemple :

« Les chaussette sont sales », les mots chaussettes iront dans la partie du casier réservé aux sujets. « Je mets les chaussettes dans la machine », ils iront dans la partie réservée aux compléments d’objets directs. « Une paire de chaussettes » et ce sera le sous casier étiqueté complément du nom etc. C’est très compliqué de laver des mots et je me demande comment faire ? Je ne pourrai jamais résoudre ce problème insoluble car c’est à ce moment que je choisis de me réveiller.

Je n’ai pas assez travaillé dans la journée sans doute et me suis réveillée intellectuellement épuisée.

Ce soir, j’ai appris par une de mes clientes que Monsieur J, ancien maire de P venait d’être enterré aujourd’hui et qu’on n’avait jamais autant vu de voitures dans le village. Il faut dire que M. J. a été maire pendant très longtemps, de 1958 jusqu’en 1995 où il a cédé sa place. C’est une des premières figures qui nous a accueillis à notre arrivée en 1984. Nous faisant visiter un appartement dans le hameau des Granges où nous avons habité pendant 7 ans, et très intéressé par nos 4 enfants d’âges scolaires, il a dit à Edmond, qui regardait, un peu décontenancé, ce logis assez particulier : « Oh, vous verrez, les gens d’ici sont pas aussi méchants qu’on l’dit ». Il avait une façon de parler bien à lui, un langage presque inarticulé, terminant ses phrases dans un chuintement incompréhensible. Alors, comme on dit dans le Lot : « Honneur à notre élu » et on devrait accrocher au mât d’usage, devant son ancienne maison, toutes les bouteilles qu’il a bues pendant toute sa mission à la tête du village. Il faudrait alors plusieurs mâts parce qu’un maire a beaucoup de raisons de boire…

Samedi

         Pluie, pluie, pluie, tenace, pénétrante, mêlée du brouillard de circonstance dans ces montagnes à vaches. Alors, ce matin, tout se fera la capuche sur la tête :

-         Sortir le cheval du pré parce que c’est justement ce matin, à 9H, que le vétérinaire doit passer pour les vaccins

-         Aller à B chercher les fromages à la fromagerie

-         Toujours à B, acheter les fruits pour ma contribution au repas de la fête du four qui a lieu demain à Ruffieu : je ferai une salade de fruits.

Alors pour me consoler, je rentre chez moi en passant par la combe de Léchaud, petite route secrète qui serpente dans des prairies vallonnées nuancées de rideaux d’arbres qui s’entrouvrent parfois sur de vastes tourbières ou d’autres prairies où paissent des vaches et des chevaux. Même sous la pluie, je me régale de ces paysages si doux au regard. Les photos, je les prendrai au soleil qui, je suis sûre ne tardera pas. Mais, en attendant, je pense que cet après-midi, je la passerai à l’abri et au chaud dans ma maison où je ne manque pas de choses à faire…

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