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Un certain chêne vert
23 avril 2014

Le lever de la lune

J’avais travaillé toute la journée de ce mercredi, les rééducations avaient défilé sous un beau soleil trompeur, dehors, il ne faisait pas très chaud.

Le soir venu, le dîner étant avalé depuis plus de deux heures, j’ai eu envie d’aller me promener. Il faisait nuit mais j’aime aussi les balades de nuit qui sont si particulières. J’ai souvent traîné mes savates dans la forêt, à toutes les saisons et même parfois avec 20 centimètres de neige dans les chemins. J’ai eu peur des bêtes sauvages que j’aurais pu rencontrer ou même parfois je les ai entendues et entraperçues. Aussi en ville dans des quartiers où il aurait mieux valu que je ne misse pas trop les pieds, mais toujours avec ma chienne sur les talons.

Ce soir encore, elle serait avec moi, en laisse cependant.

J’ai enfilé mon anorak et nous sommes parties, une frontale sur ma tête. Cette nuit, ça devait être la pleine lune. J’ai pris le chemin qui descend vers le ruisseau, ce chemin que je connais si bien, maintes fois effectué à cheval ou à pied. Le dernier réverbère du village dépassé, notre ombre est devenu immense, s’allongeant sur le sol, nous précédant ; puis elle a pâli pour disparaître enfin et j’ai dû allumer ma frontale. Le ciel n’était pas si sombre mais de lune point. Elle n’était pas encore levée, cachée derrière la montagne. Seule une lumière un peu plus vive montrait l’endroit où elle se lèverait, comme un soleil de nuit, mais tellement plus doux.

La petite route descendait régulièrement. Au loin, deux points lumineux reflétaient ma lampe et m’ont regardé un bon moment pour disparaître. Sûrement un renard étonné de ma présence silencieuse que seuls mes pas marquaient de leur rythme. Juste un peu avant le bac où j’avais prévu de laisser boire Rubia, j’ai sursauté : là, devant moi, une énorme araignée, comme je n’en ai jamais vu ! Non, ce n’était qu’une branche d’arbre tombée par terre avec le vent qui souffle depuis deux jours. La nuit, la sensibilité est à fleur de peau. L’ambiance était particulière avec devant moi le chemin, de plus en plus obscure et qui semblait se refermer sur la nuit. Il continuait à descendre vers le bois où coule la rivière. Une petite angoisse au ventre, j’ai continué à avancer avec l’espoir que la lune se lèverait mais elle était toujours derrière la montagne.

Nous avons passé le pont où dessous l’eau chuintait doucement puis sommes remontées pour enfin apercevoir au loin la lueur que diffusait la montagne sombre d’où naîtrait sûrement bientôt la pleine lune

Au sortir de la forêt, juste au moment de tourner à gauche, je me suis arrêtée et j’ai attendu. Le vent soufflait calmement dans les sapins et Sa Majesté est apparue, montant doucement de l’horizon. Elle a cet avantage qu’on peut la regarder sans se brûler les yeux et, seconde après seconde elle s’est élevée, énorme dans le ciel, dévoilant ses taches sombres, comme un visage mal lavé. Alors quand elle fut entièrement et nettement au-dessus de la montagne, j’ai éteint ma lampe, je pouvais maintenant marcher, sans trop de risques de tomber.

Nous avons rejoint l’inévitable petite route où je n’avais aucune envie de croiser de voitures, heureusement fort rares à cette heure. Néanmoins, nous avons pressé le pas, guettant le moindre ronflement de moteur pour pouvoir éventuellement disparaître dans le fossé ! Mais le silence a continué à avaler mes pas et nous avons rejoint un nouveau petit chemin qui nous permettrait de revenir. Pourvu que le taureau ne soit pas à la bade ! Mais non, tout semble calme dans le pré. Je sais que bientôt, je pourrai peut-être apercevoir ou deviner la robe claire de ma jument. Oui, je crois que c’est elle au loin, là-bas.

Un peu plus loin, les gentilles comtoises, sans doute étonnées par l’incongruité de ma présence à cette heure se sont approchées de la clôture pour quelques amitiés.

Enfin, c’est avec plaisir qu’on retrouve le village et ses lumières qui rassurent. Il est largement l’heure de rentrer et de nous coucher avec, dans les yeux encore, le reflet pâle de la pleine lune.

16 04 Pleine lune

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Commentaires
L
J'ai eu l'impression de faire cette agréable balade pleine d'adrénaline avec toi ! Merci pour ce joli récit !
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F
Martine sans peur et sans reproche !<br /> <br /> encore un exemple,<br /> <br /> brave récit
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F
Joli récit, je comprends ton plaisir d'une balade sous la lune
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G
j'ai frissonné d'appréhension et de bonheur de te lire en te suivant dans la nuit .
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J
Merci pour ce joli récit<br /> <br /> Belle journée
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Un certain chêne vert
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