On se couchera tôt sous la lune

8 février 2012

(écrit hier soir)

Ce soir, il n’y a plus d’électricité chez moi. C’était prévisible, l’EDF avait prévenu. C’était sans doute une panne pour surtension ou quelque chose du genre.

Je n’ai pas de lumières, pas de chauffage, pas de plaque électrique pour faire cuire un œuf, mon ordi n’a que sa batterie qui ne dure qu’1 heure, à peine plus. Pas de télé bien sûr. Ma petite lampe à gaz ne fonctionne plus. J’ai juste 5 malheureuses bougies de mon chandelier. Des bougies qui coulent et que j’évite d’allumer.

Il est 9 heures du soir. Alors, je vous tire ma révérence, je vais aller sous mes couvertures. Je ne pourrai pas lire ou si peu. J’ai quand même une lampe électrique à friction, ça ne dure pas bien longtemps cependant et il me faut tirer la mannette 50 fois pour 5 minutes de lumière. Remarquez, ça fait les muscles des bras et ça réchauffe.

Pourtant avant de me coucher, je vais vous raconter ou plutôt vous résumer une histoire que j’ai lue à une petite fille aujourd’hui.

C’est l’histoire d’un petit garçon qui avait peur du noir. Ça se passait il y a si longtemps, à l’époque où la lune n’existait pas. Il pleurait tous les soirs dans son lit dès que le soleil se couchait. Un jour qu’il s’était perdu dans la savane, à la nuit tombante, les plantes et les bêtes ont eu pitié du petit bonhomme en pleurs. Un roseau lui a donné une tige avec laquelle il a fabriqué un cercle. Un bouleau lui a donné ses feuilles argentées qu’il a tressées sur la tige circulaire pour faire comme un plat et une araignée a tissé un long fil pour lui. Mais l’enfant ne savait que faire de ce plateau d’argent qu’il avait attaché au fil. Alors le vent est arrivé juste comme le soleil disparaissait derrière la plus haute colline et l’enfant a lancé son cercle d’argent qui s’est envolé dans le ciel. Un disque de lumière s’est mis à briller de plus en plus fort. La peur du petit s’est envolé avec le cerceau qui éclairait la terre, il a séché ses larmes et a retrouvé le chemin de sa case. Il a attaché l’objet à un arbre avec le fil de soie dans un coin secret que nul ne connaît plus. Le vieux chef du village a trouvé « ça » beau mais « ça » n’avait pas de nom. Alors l’enfant a choisi le plus beau des noms, le plus doux qu’il put trouver. « ça » s’appellera « Lune ». Depuis ce temps, les enfants n’ont plus peur du noir. Et dans cette nuit sans lumière, moi aussi, je vais contempler cet astre tout rond, juste au-dessus de mon lit. Sûr que je n’aurai pas peur, peut-être juste un peu froid !

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