Le long de la Bièvre
Je ne m’attendais pas à ça. Le début n’était pas trop prometteur, on ne pouvait pas accéder aux berges de la rivière qu’on ne pouvait contempler de temps en temps que de quelques passerelles, jonchées de bouteilles vides et autres ordures témoignant du passage de la jeunesse, celle qui ne ramasse pas et qui se fiche bien de la beauté d’un lieu.
Puis, plus de Bièvre, elle continuait à cheminer, certes mais sous des plaques de béton, sous mes pieds. J’ai quand même suivi, plus par curiosité que par envie, le chemin de randonnée, indiqué parfois sur quelques poteaux, de loin en loin. J’avais rejoint la route où passaient moultes bagnoles. Bref ! Rien de bien folichon à se mettre sous la dent. Enfin, la balise indique qu’il faut se diriger sur la droite, dans un parc aéré où des jeunes enfants font du vélo. Alors, la Bièvre réapparaît. C’est alors que je rejoins quelque chose que j’aime beaucoup : ce qu’on appelle communément des « jardins ouvriers », de ces endroits intimes où les légumes côtoient harmonieusement les fleurs dans un charmant mélange de couleurs avec parfois une pointe d’humour ! De nouveau la route qui conduit à Fresnes, synonyme pour moi de prison, loin d’être dorée. Le balisage m’emmène à droite… J’y suis enfin, dans ce lieu charmant, au bord de la rivière, endroit sauvage, laissé telle qu’elle où les plantes poussent à foison, où les branches mortes ont le droit de joncher le sol, permettant aux insectes et mulots de trouver un abri, où le lierre s’enfile le long des arbres libre de grimper où il veut. C’est ainsi que j’apprends que le lierre ne vit pas au dépend des autres végétaux, il a ses propres racines et n’étouffe pas les arbres qu’il aurait plutôt tendance à protéger. Il est élastique et grandit, enlacé en harmonie avec son support. C’est comme une petite forêt en miniature au milieu d’un centre urbain, avec juste quelques allées où les gens viennent courir. Il n’est pas grand ce parc, on le parcours en quinze minutes mais il recèle tant de richesses que j’en ai fait trois fois le tour avec une sensation que je pouvais m’y perdre, j’avais perdu mes repères et mon sens de l’orientation (il est vrai qu’il est très peu développé chez moi). De plus, pas un papier gras, chose rarissime en pleine ville.
Mais c’est là, au bout de ce petit paradis, que la Bièvre se perd de nouveau, happée par des grilles comme une petite fin d’un monde.
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