Monsieur P
C’est l’initial que je lui donnerai, outre que je ne connais pas son nom, pourquoi Monsieur P ? Parce que P comme Pigeon, celui qui nourrit ces oiseaux tous les jours, à peu près à la même heure. A 9h30, il arrive, son paquet de graines dans sa poche, habillé de sa chemise à carreau et de sa casquette. Il laisse sa voiture sur le parking, en-dessous du château. Il est un peu sourd Monsieur P et quand on lui parle il faut lever la voix, sinon, presque crier. Les oiseaux l’attendent et, pendant que ces dames couvent, les mâles volètent autour des remparts, roucoulants et impatients. Il est donc 9H30, c’est le signal et tout le monde s’envole d’un seul élan pour planer au-dessus de Monsieur P qui, imperturbable, rejoint la place centrale. Les oiseaux n’en peuvent plus d’attendre et les plus hardis tentent de lui arracher des graines au passage. Certains, les timorés restent à l’écart de peur de se faire battre. C’est en effet la bagarre, on ne voit plus les têtes ni les queues, juste quelques paires d’ailes égarées. Les coups de bec pleuvent et on grappille le plus possible. Monsieur P leur parle, saluant chocolat ou blanc-blanc, ses préférés, ceux qui ont même découvert où il habite car, il ne se contente pas de nourrir cette bande là. Tous les pigeons de la ville connaissent Monsieur P Puis il repart, comme il est venu. Enfin pas tout à fait. Monsieur P va à sa voiture, c’est son point de départ, celui de sa marche sportive. Il regarde son chronomètre puis démarre, la tête dans les épaules, les jambes en action, les bras dynamiques, repliés sur son torse. Il me faudrait courir à côté pour le rattraper. 5 kms, aller et retour jusqu’au Fenouillet. Plus tard, dans la matinée, Monsieur P ira passer quelques heures avec les copains, peut-être jouera-t-il à la pétanque. Mais je n’en connais pas plus de la vie de Monsieur P et c’est très bien ainsi !
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