La promenade matinale
Tous les matins ou presque, il y a une petite demi-heure consacrée à la promenade de la chienne. Saine promenade qui me fait monter là haut, au pied du château médiéval d’Hyères, en grande partie détruit. Cette balade a lieu quel que soit le temps. Le matin, c’est moi, le soir, c’est E. Il faut bien que la bête puisse courir un peu et faire ses nécessaires (que de gants !). Mais comme toute chose qui devient trop habituelle, on finit par ne plus regarder autour de soi et on ne voit plus que ses pieds pour ne pas buter sur les pierres qu’on finit, elles-mêmes par connaître par cœur. Bonnard, lui-même faisait la même promenade tous les matins au Canet… Je n’en connais pas le motif. Promenait-il son chien ? Réfléchissait-il à sa journée, à ses tableaux ? N’était-ce que par hygiène physique avec cette facilité qu’offre la routine ?
Alors, aujourd’hui, j’ai décidé de renouveler ma promenade. L’heure n’était pas idéale, le soleil déjà trop haut écrasait les paysages, mais peu importe, j’avais envie de voir avec un œil presque neuf, retrouver mes premières impressions et c’est tout.
Le départ se fait dans la vieille ville, en laisse à cause des chats tentateurs et des chiens bagarreurs. Je tourne à gauche et longe le mur du médecin du coin pour arriver à la maison des oiseaux.
Puis un dédale de petites rues mal entretenues nous conduisent à la colline où enfin la bête peut !!!
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Nous continuons la montée vers des zones plus sauvages et le chemin parcourt une sente avec à droite vue sur la ville basse et la mer, à cette heure embuée dans la brume et à gauche, beaucoup plus haut, le château. N’oublions pas que le soleil se levant à l’est, il se lève sur la mer.
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Enfin, c’est l’arrivée à la première enceinte, celle où se groupent habituellement tous les pigeons en quête du grain distribué par un monsieur qui, lui aussi, tous les matins vient nourrir ses petits amis. Mais là, curieusement, il n’y a pas âme qui vole.
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Nous sommes au point culminant, il nous faut redescendre. Juste un œil sur les Maurettes où récemment on a percé une route pour lutter contre les incendies.
Au loin, la potence, comme on dit ici, domine de ses pierres sinistres la ville du dessous.
Le retour nous ramène dans la haute ville, en suivant d’abord la « route de la soif », celle qui, en été donne la pépie. La laisse est de nouveau de rigueur.
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Rien ne pourra nous abreuver, même pas le puits Saint Pierre, bouché d’une dalle de carrelage.
Encore quelques pavés, un regard à la villa Noailles, un autre aux kakis qui pousse dans cet arbre aux couleurs chaudes de l’automne et nous voici rentrées.
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