Les Moulins de la Beauce

Dans le fond de mon espace visuel, juste un instant, perdu dans un champ, un petit moulin de pierre, aux ailes nues,  attire mon regard. Témoin d’une époque où l’économie familiale avait un sens. Fabriquer son pain était essentiel dans ces espaces plats et immenses ponctués de villages espacés, aux maisons resserrées autour de clochers, aux grosses fermes où des paysans aisées exploitaient des terres riches. La Beauce, grenier de la France. C’est ce que j’ai appris à l’école et ça reste vrai. Espace venté d’un souffle régulier où les champs de céréales, à ce jour en partie labourés, sont à perte de vue, où l’horizontalité règne et où le moindre obstacle se détache si nettement qu’on ne peut que le remarquer.

       

Mais voilà, la fiction dépasse la réalité. Voilà le paysage vu de l’autoroute et encore, je suis timide par rapport à la réalité ce ne sont pas 10 éoliennes qui s’offrent au regard mais des centaines. Plus de 200 paraît-il. Quand des hameaux entiers sont entourés de ces monstres de fer, qui voudrait un jour acheter une maison par là ? Bientôt on verra des bâtisses abandonnées, encore belles, volets fermés comme celles que l’on rencontre parfois au bord de l’autoroute. Ce n’est ni plus ni moins que le saccage d’un lieu déjà détruit par les pylônes électriques qui transportent des courants de 400.000 volts sur des kilomètres de long. Il est vrai que ; tant qu’à faire de détruire, autant le faire jusqu’au bout, au mépris des habitants des lieux.

Une seule éolienne ne nuit pas à l’environnement. Elle pourrait même servir de repère dans ces immensités fourragères et produire l’énergie dans les lieux habités mais isolés. On pourrait aussi, en se forçant un peu parler d’une certaine esthétique.

Tout ça pour satisfaire le porte-monnaie de ces fabricants d’engins danois ou américains, peu productifs, paraît-il, en énergie. L’éolienne en masse ne tue sûrement pas les gens, elle tue leur environnement !