Du Vert

Ce qui est frappant dans cette région c’est le Vert. Oui, pas le ver de terre ni le verre pour boire, encore moins la pantoufle de vair. Et pourtant je vais vers… Mais vers quoi ? Je ne sais. Je me dirige à cheval, au hasard, par un chemin qui me conduit de colline en vignes où on taille encore les ceps. Renseignements pris, oui, il est déjà un peu tard pour le faire mais, on a jusqu’à fin mars. Je me fais alors expliquer des histoires de yeux, yeux morts et yeux vifs, couper après le deuxième œil, ne pas hésiter, de toutes façons, cette bête là, c’est du chiendent, ça repart presque toujours. Et oui, on est des vignerons en herbe ; dans notre petit jardin, on a 8 ou 9 pieds qui donnent un si bon raisin. J’ai taillé en février, comme je pouvais parce que la théorie, c’est bien beau.

        Mais revenons au vert. Le vert des collines et des vignes, le vert tendre de l’herbe. Ici, point de neige pour la brûler ni réellement de gel pour la tuer. Ici, l’hiver est presque un éternel printemps. Soleil ou pluie, vent ou humidité, mais toujours ce vert obsédant qui sort par tous les pores de la terre. Quel que soit l’endroit où l’œil se pose, c’est vert avec des taches jaunes de mimosas qui commencent cependant à passer. Pourtant, je sais que très bientôt, ce sera la sécheresse et par terre ce ne sera plus qu’un paillasson poussiéreux dans un air brûlant. Nous souhaiterons alors le vent, celui qui rafraîchit et que l’on nomme mistral. Alors, à ce moment, j’irai chercher l’herbe ailleurs. Je partirai pour la montagne et la fraîcheur de ses nuits.

        En attendant, j’ai découvert pleins de chemins nouveaux qu’il faudra que je prospecte. Ce sont des chemins relativement plats, ça nous changera.

Mais… Laissons le cheval se régaler un peu et avaler par grosses touffes tout ce vert qui nous entoure.