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Un certain chêne vert
5 octobre 2008

Du 29 septembre au 5 octobre 2008 (2ème partie)

Mardi

         Parler de son métier n’est pas toujours intéressant mais parfois, une petite anecdote mérite d’être relatée.

         La page de l’ordinateur sur laquelle nous sommes est noire. Seule, une petite croix au milieu indique que c’est là qu’il faut regarder. Un mot apparaît pendant 3/10ème de seconde, temps que j’ai programmé avant. C’est assez long pour bien voir. Mais l’enfant en face reste muet, puis quelques secondes après, une quinzaine environ, il me dit « cirque ». Pourquoi un tel temps de latence ? Je voudrais savoir ou plutôt, j’ai envie que cet enfant de 6ème  très intelligent et si gentil et malicieux puisse exprimer oralement sa pensée, chose difficile à faire. Voilà ce qu’il me dit :

-         Quand je vois un mot, je cherche dans ma tête les mots que je connais.

-         Mais pourquoi ne le fais-tu pas plus vite, moi aussi je cherche mais ça se fait très vite. Alors ?

-         Oui mais moi, je ne vois pas le mot entier.

A partir de là on a tout compris. Les mécanismes de la phonologie n’étant pas acquis correctement, malgré toutes les années d’apprentissage, le dyslexique ne peut pas aisément développer, faute d’indices suffisants, sa voie lexicale, celle qui nous permet d’appréhender le mot globalement et de lire vite. C’est pourquoi ces enfants inventent souvent la fin de mots.

         Ce qui est encore plus amusant c’est que pour le mot ‘télévision », la réponse fuse instantanément. La connexion avec le lexique interne a été immédiate. Mais si le mot présenté avait été « téléviser », il aurait dit « télévision »

         S’il vous plaît, mesdames et messieurs les professeurs et autres pédagogues, essayez de comprendre le handicap de ces enfants qui sont loin d’être des paresseux. Il faut savoir adapter l’école à leurs difficultés. Sachez que là où un enfant met une heure, le dyslexique en mettra deux. Ne soyez pas trop exigeants. Les photocopies existent, les magnétos et les ordinateurs portables aussi. Plutôt que de lire un livre pourquoi ne pas l’écouter sur cassette ? Le but pour eux sera différent : connaître le monde et la littérature par d’autres moyens. On peut apprécier une poésie en l’écoutant… Pourquoi ne pas les interroger à l’oral plutôt qu’à l’écrit ?... On les pénalise doublement et ils sortent du système scolaire dégoûtés alors que ce sont souvent des enfants attachants et plein du désir de savoir mais un savoir un peu différent qui passe par le vécu et l’auditif. On pourrait en parler longuement mais ce n’est pas mon propos ici !

Mercredi

         En ce premier octobre, permettez-moi de vous offrir une chanson que j’aime particulièrement : « octobre » de Francis Cabrel.


Découvrez Francis Cabrel!

         Les jours raccourcissent mais je profite encore avec l’horaire d’été de soirées suffisantes pour me permettre de me promener à cheval. Il n’y en a plus pour longtemps. J’ai choisi ce soir une balade courte et variée. Un chemin que je n’emprunte pas souvent mais sans risque de se perdre. Tout ce qui est inhabituel inquiète le cheval et c’est en partie au trot ou au galop qu’il passe au travers des prés et bois que nous rencontrons. Il a ainsi un peu l’impression d’échapper au danger. Il y a juste un endroit sombre où il refuse de pénétrer ; sait-on jamais, la petite branche par terre là-bas va peut-être lui sauter dessus pour le dévorer tout cru… et je suis obligée de descendre pour l’emmener en main. Il me voit un peu devant et ça le rassure. Pourtant à 19 ans on ne devrait plus lui en conter…

         Une petite clairière isolée, un bois de sapin sombre, les prés immenses où il fait si bon galoper surtout quand on reconnaît le chemin du retour, les lamas dont il vaut mieux se méfier, ça crache. D’ailleurs la femelle est inquiète et fait mine de nous attaquer. Elle veut défendre son petit qui n’a pourtant qu’une idée : têter.

                                     10_01_002_Clairi_re_intime_vers_les_Pl_nes__grand_Abergement_01__001__Medium_

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                                   10_01_004_Espace_accueillant_Les_Pl_nes_002__Medium_

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Qu'il est doux de rentrer au bercail quand on est chaleureusement attendu par sa copine

                                      10_01_001_vache_meuglante___Lachat_001__Medium_

Vendredi

         Ça y est, le verdict est tombé et on a tremblé jusqu’au bout. Il faut dire que l’ambiance des banques n’est pas des plus roses et on pouvait en effet tout craindre, d’ailleurs on n’y croyait plus. Et bien, si ! Le prêt a été accordé aux acheteurs de notre maison. On va donc pouvoir pleinement concrétiser, nos projets, même si une onde de tristesse reste en moi à l’idée de quitter la montagne. Mais bon, il faudra tourner la page, une page de plus qui ne sera sûrement pas la dernière.

         Ce soir, comme pour célébrer cet évènement, un pluie violente, orageuse s’abat d’un coup et se transforme en neige : des flocons grêleux, pleins de colère, ceux qui font du bruit sur la tôle du toit, ceux qui font peur à la chienne.

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