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Un certain chêne vert
18 février 2008

Du 11 au 17 février 2007

Réflexion

Une vieille dame à une autre vieille dame au téléphone

« On laisse tout derrière soi pour retrouver rien du tout »

Lundi

Une petite matinée au grand air avec Félix et Elias. On a sorti la luge et nous voilà aux Plans d’Hotonnes. Pendant qu’Edmond va mesurer la hauteur de neige, très inquiet sur l’enneigement en vu de la coupe d’Europe, j’explique à Félix qu’il peut ralentir la luge avec les freins sur le côté. Je les installe donc tous les deux et vogue la galère, les voila partis, sur une piste dure comme du béton et qui glisse tellement qu’on ne s’arrête plus. Bon sang, mais il y a un poteau en bas et puis la route. Je hurle : « Freine Félix » et je m’élance derrière eux, priant le ciel qu’il ne cède pas à la panique. Je vois ma luge tourner légèrement vers la droite, éviter le poteau et enfin s’arrêter un peu plus bas. Félix a bien réagi mais Elias hurle. Bon, mes petits, maintenant, tant pis si on est serré mais je monte avec vous !

Mardi

         Encore une journée de plein soleil. Je préfèrerais voir la neige arriver. L’homme est né pour être un éternel insatisfait. C’est son lot, ni Dieu, ni bête. Jamais content, toujours quelque chose qui ne va pas, ou bien si ça va, ce n’est pas normal et d’ailleurs, ça ne durera pas et on redoute déjà l’instant d’après ou rien n’ira plus. Que ce soit en amour (Ah ! Où sont mes amours d’antan…), au travail (le patron est imbuvable, je suis aliéné par mon boulot), le temps (il fait trop chaud, il fait trop froid, il ne neige pas, il pleut, ce brouillard est insupportable), la santé (j’ai mal à la tête, un petit début d’angine, je vais sûrement attraper la grippe), la vie tout simplement (j’ai rien fait de valable, je n’ai pas réalisé mes projets, personne ne m’aime comme je le souhaite, j’aime pas la ville ou… la campagne, je vieillis), les proches (des empêcheurs de tourner en rond, des soucis avec les gosses qui ne foutent rien en classe). Bref ! J’aurais peut-être aimé être un animal, par exemple un chat : ils sont libres de leurs humeurs, assez indépendants, débrouillards, agiles, ils choisissent leurs maîtres... Mais si on demandait aux chats, qu’en penseraient-ils ?

Samedi

         Je vais à BLR pour aider ma mère à déménager. 

         J’avais prévu d’arriver vers 14 ou 15H à destination. J’ai donc un peu de temps devant moi et décide d’aller manger à Fontainebleau dans un resto dont j’avais entendu parler. Manque de bol, il est fermé et je dois me rabattre dans une petite crêperie. Au moins, j’ai fait quelques économies. Puis petit détour par Corbeil Essonnes, ville de ma naissance. Les choses ne changent guère. Quelques sens uniques, des rues pavées autour de l’église, des ronds-points en plus qui font que je ne sais plus trop où il faut aller.

         Finalement j’arrive à bon port et je m’arme de courage.  Quand une vieille personne déménage, elle doit  tourner la page, regarder dans une autre direction. C'est très difficile: quel avenir a-t-on à plus de 90 ans quand tout fou le camp : impression de solitude, d’incompréhension de l’entourage. Néanmoins je suis saisie : elle a fait tous ses cartons toute seule ! Elle est finalement très courageuse. Le soir, petite séance de photos anciennes. Ça change les idées, on se rappelle les vieux souvenirs. Demain sera un autre jour.

Dimanche

                                                  char                                       

24 et 25 août 1944, libération de BLR par la deuxième DB du Général Leclerc. Ce char sherman M4 y a participé ainsi qu’à la libération de la champagne et de l’Alsace. Il est arrêté à Stasbourg.

C’est donc un gros bébé, né en 1941 et pesant 31 tonnes avec 375 chevaux et deux moteurs diesels, six cylindres GMC jumelés Armement de 75 mm en tourelle, trois de 12,6 mm. Sa vitesse est de 40 Km/h et une autonomie de 140 Kms. Ce qui veut dire qu’il fallait le nourrir en carburant toutes les trois heures environ : un vrai nourrisson, mais un bébé tueur.

         Tout est emballé, trois fois scotché, trois fois rouvert. Mais où est-ce que j’ai mis les clefs de la petite valise ? Ah ! Il ne faut pas oublier le porte-serviette. Toutes ces petites phrases répétées dix fois et qui sont révélatrices d’une grande confusion intérieure. Révélatrice aussi de la perte de mémoire immédiate, caractéristique de la grande vieillesse. Changer les idées à tout prix pour ne pas tomber dans les idées noires ou l’agressivité. C’est une vraie torture de déménager à cet âge…

      En tous cas, c'est une excellente répétition pour mon propre déménagement ultérieur.

                                                 

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