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Un certain chêne vert
13 juin 2011

Rêve d'un TGV

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J’aimerais, oui j’aimerais une ville, pas trop grande, dans les 20.000 habitants, une ville avec une vieille histoire, très vieille et des vieilles rues en pente, peut-être même qu’elle ressemblerait un peu à celle que j’habite maintenant. Il y aurait toutes les semaines un petit marché où les paysans du coin viendraient vendre leurs produits. Il y aurait de la place pour garer les voitures. Les cloches sonneraient à toutes les églises pour rythmer la vie des habitants et personne ne serait vraiment indifférent à son voisin. Bien sûr, il y aurait des inimitiés, des bagarres, des histoires secrètes qui remonteraient à plusieurs générations et qu’on se raconterait à l’oreille, de père en fils ou de mère en fille, il faut bien un peu de piquant pour que la vie mérite d’être vécue. Les rues seraient animées, les magasins pleins de jolis vêtements et les cafés aux terrasses remplies, d’où je pourrais observer les gens qui passent en mangeant un énorme banana-split. J’ai un bon souvenir de banana-split ! J’adore regarder le monde qui défile, assise à une table de bar, toujours devant mon banana-split. Cette ville serait au pied d’une montagne, pas d’une trop haute montagne, c’est fatigant quand on vieillit de monter tout là haut. Juste une montagne à vaches, de celles qui culminent à 1600 mètres. Une montagne à sapins et aux forêts denses où on pourrait se promener en toute impunité. Les lieux seraient sauvages et au hasard des chemins, parfois, on croiserait un animal qui d’un bond échapperait à notre vue, lynx ou chevreuil ou encore même chamois, je ne sais. Il n’y aurait pas de barrières ni de clôtures, ni de propriétés privées avec gardes et chiens et les petits villages ponctueraient le paysage de leurs maisons serrées autour de l’église. J’habiterais dans un de ces endroits où tout le monde se connaît et où le temps n’a d’importance que pour faire son bois, rentrer les vaches, faire les foins et tout ce qui fait la vie d’un paysan. Non loin de là, il y aurait un lac, entouré de forêt, aux rives herbeuses, masquant à notre vue les nids des oiseaux et où je pourrais me baigner quand, au cœur de l’été, le soleil brille, au milieu de quelques nuages baignant dans un ciel bleu outremer. Je possèderais un pré, pas trop loin, un pré tout vert, plein d’herbe pour mon cheval qui retrouverait ainsi ce qu’il a connu avec délice pendant des années, les années où il était si gros ! Les saisons alterneraient, comme la grande roue d’un parc d’attraction comme elles l’ont toujours faites depuis la nuit des temps, inexorablement : pleins de fleurs odorantes, dans les prés au printemps, le temps où les feuilles émergent enfin d’un long sommeil, le temps du vert doux et des oiseaux qui cherchent à faire leur nid et qui chantent si fort le matin. Un été frais mais beau, comme je les aime, peut-être un peu trop éphémère, ce serait son unique défaut. Je n’aime pas la chaleur qui étouffe, qui empêche de respirer. J’aime le soleil piquant qui s’apaise à l’ombre des futaies. L’automne serait flamboyant au mois d’octobre et j’irais marcher, foulant les feuilles mortes où les gelées matinales gardent la trace des pas pour quelques instants ; ou le soleil du matin emporterait les vapeurs de la nuit qui stagneraient, pour un moment encore au ras du sol. J’aimerais aussi ces jours de pluie qui nous font regarder à la fenêtre l’eau qui ruisselle et qui trace des chemins sur les vitres, chemins qu’on suit avec les doigts, comme une route qui zigzague vers l’inconnu. La pluie qui nous fait mettre nos bottes et prendre le parapluie pour sortir malgré la visibilité réduite au nuage qui nous enveloppe dans sa chape de coton gris. La pluie, enfin, qui fait pousser les champignons que l’on va cueillir au premier rayon de soleil revenu. J’aimerais cette solitude des promenades en forêt, l’angoisse piquante de se perdre et ça, je le dis en connaissance de cause, peur de la bête féroce qui rôde sûrement, pas bien loin et nous observe de ses yeux perçants. Et puis l’hiver, ah l’hiver ! dont la couleur dominante est le blanc, où je pourrais voir les flocons tomber sans discontinuer pendant trois jours, mesurant les centimètres, chaque matin, sur la table du jardin. L’hiver où les bruits sont feutrés, la nuit remplie du craquement de la neige du toit qui glisse tout doucement au premier redoux, où chaque promenade est une expédition qui rougit les joues et fait glisser les skis à la cadence de notre souffle...

J’écris tout ceci d’un train. Par ma fenêtre, défile un décor qui parfois fait un clin d’œil à mon appareil photos, mais une œillade si rapide, une œillade de TGV lancé à 250 kilomètres/heure, ce qui ne permet pas vraiment de dégainer.

D’ailleurs, voilà que l’appareil en question fait de la résistance, il s’est mis en standby. Voilà aussi que le train s’arrête pour prendre les passagers d’un autre train en panne à Satolas. Nous aurons beaucoup de retard à l’arrivée et il faut supporter le voisin d’à côté qui passe son temps à commenter tout haut le moindre ralentissement de ce foutu train qui roule à contresens.

La réalité m’a rattrapée. Tous les pauvres clichés de ce rêve à peine ébauché s’envolent comme des petits moutons laineux dans l’espoir de se mêler aux nuages qui joliment, habillent le ciel. Le TGV  repart, tout doucement, un peu plus lourd et si lentement, à la vitesse d’un escargot épuisé… Enfin, sur ma gauche les monts du Lyonnais défilent reprenant la vitesse là où nous l’avions laissée, mais mon rêve, lui, s’est égaré, je l’ai laissé à la gare de Saint Exupéry.

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Commentaires
A
Tout est dit, et joliment dit.<br /> Je ne crois pas que ce soit un rêve.<br /> Tire cette jolie histoire sur un beau papier, plie soigneusement la page. Cherche un petit chalet en bois dont le toit s'ouvre. Dépose le papier plié à l'intérieur. Installe le petit chalet de bois sur l'oreiller de ton mari. Par exemple le jour de votre anniversaire de mariage, s'il en connaît la date ! ou de ton anniversaire à toi, ou du sien, pourquoi pas.
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F
on a compris, tu veux retourner d'où tu viens...<br /> un rêve, un projet, <br /> super...<br /> il faut agir pour...<br /> courage
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Un certain chêne vert
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