Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un certain chêne vert
18 novembre 2007

Du 12 au 18 novembre 2007

Du 12 au 18 novembre 2007

Réflexions

Il est dommage qu’il faille disparaître pour être regretté.

Le comportement humain ressemble parfois à celui d’une mouche qui tourne autour de la lampe, attirée par sa chaleur et qui finit par s’y brûler les ailes.

Pour moi, sœur Emmanuelle représente le symbole de l’espoir. Une telle foi dans la vie, qu’elle soit terrestre ou spirituelle, ne peut me laisser indifférente.

Lundi

Là, mes Minous, il faut que je vous dicte mes dernières volontés : après deux jours de pluie ininterrompue, un petit coup de froid la nuit, c’est le patin à glace sur la route. Je dois descendre à 30 à l’heure (au moins pas de problème de radar) au milieu des pierres éclatées par le gel et tombées sur le sol, souhaitant qu’un rocher ne se détachera pas d’en haut (ça s’est déjà vu). Alors pour moi, si ça se produit, ça sera :

Oh, et puis non ! Mes dernières volontés c’est pour plus tard. Pas le moment de se mettre le moral à zéro. La nature est trop belle pour la gâcher avec de telles pensées.

Ce matin, lors d’une promenade à cheval, j’ai suivi un moment une poule faisane. La pauvre, paniquée, incapable de s’envoler. Vous savez, celles qui sont lâchées le vendredi  pour le plaisir du chasseur du dimanche, à ne pas confondre avec les conducteurs du dimanche, sinon, on ne serait plus en sécurité dans la forêt. Quoique, avec tout ce qu’on entend à la télé, c’est à se demander si les conducteurs du dimanche n’ont pas des liens étroits avec les chasseurs du même jour.

Revenons à nos moutons, pardon, à notre poule. Le chasseur d’hier était un mauvais tireur. Tant mieux pour le renard.

Toujours côté animal, vous savez comme je les aime, je viens de regarder jouer le chien et le chat ensemble. Le salon, comme terrain de jeu, c’est pas mal mais quel chantier : les tapis finissent en accordéon. Parfois, épuisés, ils s’endorment l’un à côté de l’autre.

                                             16_novembre_001

Mardi

Aujourd’hui, je vais vous parler du carrefour de La Cluse. Drôle d’idée, un carrefour, ce n’est pas bien passionnant, je vous le concède. Et bien si. Celui-ci est particulier car il est délicat de s’y croiser. Quatre routes convergent à ce carrefour mais pas à angle droit, ça serait trop facile! Légèrement décalées. On aurait pu y créer un de ces ronds-points à la mode avec en prime une sculpture du plus bel effet. Et bien non ! En principe, il y a des feux mais allez savoir pourquoi, ceux-là ne fonctionnent qu’à certains moments de la journée. Et, en général, aux heures creuses !!! Alors, c’est au plus culotté. Le timide (qui se trouve toujours en général devant moi, au moment où je suis pressée) va laisser passer dix voitures et finira par avancer, la peur au ventre, suant à grosses gouttes, priant le ciel que rien ne lui arrive. A l’inverse, il y a le « sans gêne », celui qui dit : « Pousse-toi d’là que j’m’y mette » On le repère vite, il fonce sur sa victime, espérant l’intimider et passe en force avec un geste obscène de la main, que je ne vous décrirai pas, pudeur oblige. Malheur à celui qui ne cède pas. C’est alors l’accident, les altercations, la gendarmerie (quand toutefois ils ne déclarent pas qu’ils ne se déplacent pas pour si peu et qui sont toujours là où il ne faut pas). Il y a aussi le camion, si gros, qu’il prend toute la place. Voyons, vais-je tourner à gauche à la française ou à l’italienne. Allez je suis en France ça sera comme ça doit être. Zut le mec derrière moi a fait le choix inverse, je me suis fait avoir ! Bref, c’est un excellent point d’observation pour psychologue averti qui entame une étude comportementale de la catégorie animale supérieure dont je fais partie, comme vous sans doute. Ce carrefour… Je l’emprunte quatre fois par jour…

Les pompiers sont passés vendre leur calendrier. C’est banal me direz-vous, bien sûr. Sauf qu’il y a du neuf : une fusion des pompiers des deux villages voisins P et L, distants de deux kilomètres et rivaux depuis la nuit des temps. On ne compte plus le nombre de vengeances et peut-être même de crimes commis dans les générations précédentes. Histoires de clochers : P était au départ un hameau de L. Les habitants des Granges, autre hameau diamétralement opposé, se plaignirent de leur éloignement à l’église du  village, après que la chapelle ait brûlé en 1818. Ils exigèrent la construction d’une deuxième église plus proche qui fut terminé en 1832. En 1827, il fallut donc partager L en deux communes distinctes, mais aussi partager le capital de la commune, ce qui entraîna des rivalités tenaces jusqu’à nos jours. C’est donc avec un grand soulagement qu’on constate cette réconciliation des deux corps de « chevaliers du feu ».

Voici en prime, une petite chanson que les habitants de L chantaient encore dans les années 1900. Comme je suis sympa, je vous traduis :

P…… que méjouti                                  P….. Que mangent-ils

de pin de panache                                     du pain de panache

de la merde à la cache                    de la merde à la louche

en crapiau ruti                                          du crapaud rôti

por lou far to creva                                  pour les faire tous crever

ne poigna de sa                                         et une poignée de sel

por lou par revicola                                 pour les « revicoler »

P….. cacati combin sonti                        P… cacatiers, combien sont-il ?

quatre vin di per chatra ne fremi             90 pour châtrer une fourmi

ne fremi a leva le cu                                la fourmi a levé le cul

le P…. son to fotu                                   les P….. sont tous foutus

        Il est exactement 21H18. Je viens de regarder par la fenêtre : IL NEIGE et ça tient. Le problème c’est qu’Edmond est parti à une réunion, le portable ne passe pas… Et la voiture n’a pas encore ses pneus neige. J’avoue que, dans ces cas là, je m’inquiète vraiment.

Mercredi

Je vous rassure quand même, Edmond est rentré à bon port mais il a mis une heure pour faire le parcours qu’on fait habituellement en vingt minutes. Il faut savoir que ce trajet est difficile. Comme je l’ai dit hier, le portable ne passe pas et il n’y a quasiment pas âme qui vive sur une dizaine de kilomètres. De temps en temps une maison mais elle sont très disséminées sur le parcours. Presque personne n’y passe la nuit. En cas de panne, c’est deux heures de marche assurées dans la tourmente, les pieds trempés et glacés si on est mal chaussé. Enfin, je m’arrête là, je vais vous faire peur… Ah, chez nous, on n’est pas trop gêné par la grève mais notre vie n’est pas sans risques. En tous cas elle est loin d’être monotone. Tenez, moi, par exemple, voici ce que j’ai vu en me levant. Une dizaine de centimètres.

  16_novembre_014                           16_novembre_018

C’est beau, non ?

Bref, il faut que j’aille au boulot. Pas de pneu neige. Le chasse-neige n’est pas passé. Seules les voitures ont laissé leurs traces. Alors, on prend les rails des autres

                                              16_novembre_016

et on commence la descente, tout doucement, en priant le ciel de ne pas être obligé de freiner (souvent des voitures se retrouvent de travers dans la montée car ils n’y arrivent pas). 18 à l’heure au compteur. Ça va, je suis en bas. J’ai croisé un gros camion, à l’endroit le plus étroit de la route, comme il se doit. A mon avis, il n’arrivera pas en haut !

Il ne me reste plus, pour équiper ma voiture, qu’à attendre vendredi… Mon garagiste revient de vacances… Lui, il est parti dans les îles…

                                              16_novembre_017

                           

Jeudi

Ce soir, on sort. Oh pas bien loin, juste entre les deux villages de P et L, au village de vacances. On va à l’avant première du film « Le Renard et l’Enfant » de Luc Jacquet, tourné sur nos deux communes en 2006-2007. Un jour, tandis que je me promenais à cheval, je m’étais trouvé au milieu de la préparation du tournage. Prudemment, j’avais fait demi tour : il y avait des loups dans des cages. Le cheval aurait pu être effrayé !

Vendredi

Bon, ce film… « Le Renard et l’Enfant ». Tout d’abord, on est arrivé à 18H30 par -6 degrés jusqu’au gymnase où la représentation devait avoir lieu. Sur l’invitation, il était précisé que ledit gymnase devait être chauffé… Bon, on repassera pour le chauffage et on est resté emmitouflé dans l’anorak tapant des pieds pour éviter leur congélation, mesurant le froid à la buée qui se dégageait quand on respirait. Vous voyez, sur la photo, l’écran est un peu rudimentaire ce qui fait que le coin à droite, en bas, est un peu flou.

                                               Le_renard_et_l_enfant_001

J’arrête de critiquer sur les conditions avant de passer pour un ours mal léché. Tiens, à propos d’ours, il y en avait un dans le film. On ne m’avait pas dit qu’il y avait des ours par chez nous, il faudra dorénavant que je me méfie. Par contre, quel publicité ! Vous allez tous avoir envie de vivre ici. Et le pire, c’est que c’est comme ça dans la réalité, le film ne ment pas. Les images sont superbes. Rien que pour ça, il vaut le déplacement. Parce que l’histoire, par elle-même est sans intérêt. On n’y croit pas. Peut-être aurais-je adoré quand j’étais enfant, j’aurais trouvé ça presque magique (ça y est je l’ai dit, le mot à la mode…).

Et pourtant la magie, il n’y en a guère. Pleins de trucages. Par exemple pour faire sauter les loups le long d’un tronc d’arbre au sommet duquel le renard est censé se trouver, le dresseur a attaché… un coq. Pauvre coq, il n’a pas du en mener large.

        Un mot de Luc Jacquet que vous connaissez sûrement ne serait-ce que par son film « La marche de l’empereur ». C’est une figure locale, il est originaire de la région et y vient d’ailleurs régulièrement en louant  une vieille ferme en pleine nature. Je me demande si à la fin du film, quand on voit la petite fille à la porte, il ne s’agit pas de cette maison ? J’irai voir.

Sur la photo, il pose avec à sa droite, un de ses anciens concurrents de courses de ski de fond (non ! Pas Tintin derrière !). Il paraît qu’il était bon skieur, il a été champion du Lyonnais, ce qui n’est pas rien.

                                                    Le_renard_et_l_enfant_003

Ce film fait partie d’un beau rêve mais la réalité, c’est le quotidien : par exemple les gendarmes qui dans la région nous traquent en permanence et qui grâce à nous et aux primes qu’on leur procure peuvent se payer leurs vacances

Tiens, à propos, ce matin, trois coups fermes frappés à la porte de mon cabinet. J’ouvre en pensant : « encore quelqu’un qui ne comprend pas qu’il faut rentrer directement en salle d’attente ». Mais non ! Deux gendarmes face à moi, l’air sévère. Je me dis : « Zut ! Qu’est-ce que j’ai encore fait ? Ai-je mis des photos illégales sur mon blog ? Quelqu’un aurait porté plainte ? »

- A qui appartient la voiture immatriculée en Suisse devant chez vous.

Ouf !c’est pas pour moi… C’est pour les voisins du dessus : stationnement interdit pour cause de travaux, vous vous rappelez ceux qui me gênent quand je travaille…

         Au fait, pour info, la maison du film n’est pas celle que je pensais. Elle se trouve sur le plateau de Retord, au lieu dit « la Lavanche ».

         Et pour finir cette journée, si on faisait dans le mystique : ce matin j’ai pensé à sœur Emmanuelle. Pourquoi ? Je ne me rappelle plus mais je suis sûre d’y avoir pensé. Ce soir comme par hasard, j’ai vu un petit bout d’émission lui étant consacrée.  J’ai une grande « estime » pour cette femme de 98 ans, que l’on sent sincère dans ses propos et qui, en même temps, est capable de soulever des montagnes par une foi vibrante. Pourtant elle ne cache pas ses doutes. Ça fait tellement de bien quand nos propres parents nous donnent une image si déprimante de la vieillesse.

Samedi

La journée commence bien, soleil splendide qui fait miroiter les paillettes de neige (bon j’arrête, je sais c’est une image, rebattue). Par contre qu’il fasse -8 et on tombe dans la réalité. Il a même dû faire jusqu’à -11 car le thermomètre bénéficie de la chaleur de la maison.

         Allez, on se lance. On sort les skis. Pas le temps de les paraffiner mais pour une première fois, pas grave. Après les rituels question (j’y ai droit au moins une fois par an) :

« Où sont mes chaussures ?  Mais c’est pas ces gants là que j’mettais l’an dernier, ils sont troués ».

Promis, Edmond, ce soir on passe chez Natch renouveler le matos.

Direction les Plans d’Hotonnes.  La piste est tracée.

                                         17_11_premi_re_sortie_ski_002

De façon un peu rudimentaire, certes, mais difficile de faire autrement. Pour une première neige, on ne peut pas passer de machines trop lourdes et c’est souvent sur une piste assez chaotique qu’on patine. Dire qu’on a la forme, sûrement pas. On s’arrête assez souvent pour souffler mais on pense déjà que, avec un peu de courage, dans quelques temps, on ne s’arrêtera plus. En tous cas, on se sent bien : neige, soleil, nature brute et sauvage  il n’en faut pas plus pour pressentir ce qu’est le bonheur.

17_11_premi_re_sortie_ski_00417_11_premi_re_sortie_ski_006

Un peu de pub au passage pour Laurent qui, je vous le promets, vous recevra bien. Tout ce qu’il faut pour rendre le vacancier heureux. Pour avoir ses coordonnées, "La Grange des Plans sur google vous y amènera.

17_11_premi_re_sortie_ski_014               17_11_premi_re_sortie_ski_023

La piste est un peu longue. Il nous faut couper en hors piste si on ne veut pas rentrer trop tard à la maison. Et c’est là que les ennuis commencent. La neige, trop neuve, n’est pas stable et s’enfonce parfois d’un seul coup sous nos pieds. C’est alors la chute. La tortue sur le dos qui ne peut plus se relever…

                                          17_11_premi_re_sortie_ski_020

Avec donc beaucoup d’efforts et beaucoup plus de temps que si on avait continué la piste initiale, on finit par arriver à la voiture, transis des mains et des pieds. Il ne fait pas loin de -10. Dieu ! Que ça fait mal quand la circulation se rétablit dans les extrémités. Mais ça ne fait rien, demain matin on y retourne…

Au fait, j’ai vu des traces bizarres dans la neige…

                                           17_11_premi_re_sortie_ski_022

Non ! Ce n’est pas le grizzli du « Renard et l’Enfant », ce n’est qu’un lièvre.

         Le soleil couchant laisse présager un froid intense et une belle journée ensoleillée demain.

                                                       17_11_premi_re_sortie_ski_028

                           

Dimanche

         Re… J’ai pitié de vous, je ne vous raconterai pas notre matinée de ski, vous en avez eu votre dose.

         Cet après-midi, changement de décor. Je quitte la neige pour descendre dans la vallée monter mon cheval. C’est un hennissement joyeux qui m’accueille. Ça fait d’autant plus plaisir que d’habitude il me regarde arriver d’un œil morne et d’un air de dire qu’il resterait bien dans son pré à grignoter plutôt que de me porter sur son dos. Je dois dire que la promenade fut un peu osée : sol gelé et donc patinage artistique assuré. La promenade ne se fit donc qu’au pas. D’ailleurs ce cheval, paresseux comme pas deux n’avait pas du tout envie de risquer sa peau pour me faire plaisir.

         Demain matin, donc, au lieu de remettre ça, je ferai le ménage…

Publicité
Publicité
Commentaires
F
quel magnifique coucher de soleil sur la neige...<br /> je comprends...
Répondre
Un certain chêne vert
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité