D’Estaing à Campagnac (21 Kms)
Ce fut une étape difficile : juste après Estaing, il y a une grande côte, une de celle qu’on n’oublie pas quand on est chargé et qui mène à Montégut.
Mais d’abord quelques mots sur la ville d’Estaing : elle a bien gardé le souvenir des pèlerins de jadis qui y ont laissé des traces. C’est d’abord la célèbre fête de la Saint Fleuret qu’on célèbre toujours le 1er dimanche de juillet depuis le 14ème siècle. Cette date était choisie pour le départ des Jacquets qui, ainsi devaient arriver en 22 jours à St Jacques dont la fête tombe le 25 juillet. Pour se faire ils devaient parcourir chaque jour environ… 59 Kms, mal habillés, mal chaussés ! (Saint Fleuret est sans doute assimilé à Saint Flour).
Estaing est aussi célèbre pour la famille d’Estaing dont les origines remontent au début du 11ème siècle. Cette famille s’est définitivement éteinte en 1826.
La famille Giscard a racheté le nom en 1922.
VGE, lui, a racheté le château du village, y a fait des travaux importants et l’exploite. Ainsi, le château reste en état, par contre, il manque un peu d’humilité, de grands panneaux lui rendent gloire !
Je laisse donc Estaing avec un dernier regard sur cette belle ville puis je longe le Lot. Tout est calme. Il fait beau et le pêcheur en profite dans sa barque sur cette eau presque immobile. Mais il me faut quitter cette paix pour monter tout là-haut, jusqu’à Golinhac. Entre Montégut et Golinhac, il y a une vingtaine de croix, certaines très anciennes.
Il y a presque toujours un moment dans la journée où on s’arrête ému par une petite chose. Cette fois ce fut la photo de ce vieux monsieur disparu qui assis, regardait passer les pèlerins avec des mots d’encouragement pour chacun d’eux et puis, non loin, ce beau jardin fleuri, fierté du propriétaire qui n’a pas voulu poser pour moi.
Il y a aussi des moments amusants où une vingtaines de vieux tracteurs passent pour se rendre à une foire agricole d’un village voisin.
Malheureusement, le temps se gâte et je hâte le pas, espérant éviter l’orage… mais non, il me faudra encore une fois enfiler la pèlerine jusqu’à ce que l’orage passe un peu avant d’arriver au gîte que j’ai cherché un moment, le croyant plus en amont. J’ai ainsi, voulant me renseigner, pénétré dans un hameau où tout semblait mort, hormis quelques poules. Une musique de cornemuse sortait de l’unique fenêtre ouverte d’une maison. J’ai appelé en vain pendant plusieurs minutes mais personne ne s’est manifesté : c’était le hameau des fantômes ! Un peu angoissant !
Juste le temps d’un bavardage avec le monsieur qui fauchait son terrain sous la chaleur du soleil et de la moiteur d’un temps orageux.
Sur ma droite, je laisse le hameau de Castaillac mais en regardant derrière moi…
J’en ai déduit qu’il y avait le panneau en langue d’oïl et celui en langue d’oc. D'ailleur, lha se prononce non pas illa mais lia.
Cette croix est la plus ancienne du parcours, certains écrits en parlent déjà en 1544.
Celle-ci est une reproduction de l’ancienne croix qu’il a fallu déplacer dans l’église car elle s’abîmait trop. On peut noter la présence du petit pèlerin tenant son bourdon à la main.
Le ciel est si chargé et on entend déjà le tonnerre !
(A suivre)…