Paysages en Lozère
Saint Alban paraît assez triste si on la compare à Saugues. Autant l’une était animée par des concerts de rues, des commerces relativement vivants, autant l’autre était éteinte et morne.
Saugues vit en partie grâce à l’usine de conserverie de champignons et Saint Alban, de son célèbre hôpital psychiatrique mais la médecine ayant évoluée, il y a moins de fous qu’avant. Nos charmants hôtes du soir étaient d’anciens infirmiers psychiatriques et avaient effectué la route jusqu’à Compostelle, une paire d’années avant.
Pourtant, les couchers de soleil sont beaux dans cette petite bourgade.
Nous sommes donc repartis le cinquième jour (puisque maintenant nous sommes deux) avec un sac allégé mais toujours munis du bourdon (le bâton) et de la besace qui ne contient plus que les affaires de la journée. SOULAGEMENT ! J’avale mieux les kilomètres, il ne reste plus que les pieds, parfois un peu douloureux mais en alternant deux paires de chaussures, ça va.
La prochaine destination sera Aumont-Aubrac.
En attendant, il reste quelques belles prairies à traverser et des sous-bois odorants de pins ou s’entrelacent dans le chemin les racines qu’il faut enjamber.
Parfois, une cabane de branches permet au randonneur de se reposer ou de manger à l’abri de la pluie quand c’est nécessaire.
Château de Saint Alban dans l’enceinte de l’hôpital psychiatrique.
Belle ferme à Chabanes-Planes
Les Estrets
C’est à Aumont-Aubrac que se termine cette région qu’on appelle la Margeride, prairies et bois disparaîtront pour laisser place à une sorte de lande pierreuse au climat rude : l’Aubrac, haut plateau volcanique et granitique où paissent les célèbres vaches d’Aubrac, montées à l’estive au printemps et redescendues à l’automne.
Dans ce village d’Aumont, j’ai remarqué quelque-chose d’assez curieux : sur quelques toits entourant l’église, il y avait des coqs en métal sur le faîte, ce n’était pas des girouettes. Aucune explication valable ne m’a été donné, même pas par la vieille bonne de curé que j’ai croisée à l’église à l’occasion d’une messe donnée par le prêtre pèlerin dont j’ai déjà parlé. La seule chose qu’elle m’ait dite, c’est que ces volatiles ne couvraient que les maisons tout en pierres !!!
Le sixième jour, nous nous arrêterons pour dormir dans une ferme : « Les Gentianes » où l’aligot fut si bon et sûrement meilleur qu’à l’hôtel à Aumont ! Nous ne risquions pas de maigrir ! Deux soirs de suite!
Puis est venu le dernier jour, sûrement le plus difficile mais heureusement assez plat : dans la nuit précédente, un violent orage avait déversé ses eaux, noyant plus ou moins les campeurs, certains ayant terminé leur nuit dehors, la tente s’était envolée !
C’est donc sous la pluie et sous la pèlerine que nous avons atteint Aubrac où E nous attendait.
Aubrac où la cloche de l’église par très mauvais temps, l’hiver, sonnait sans relâche dans des temps plus anciens, pour guider les pèlerins perdus dans l’immensité blanche et la tourmente.
C’est là que l’Aubrac mérite son nom : paysage rude où le regard croise les murets de pierre érigés par les hommes au cours du temps.
Avant d’arriver, nous sommes passés à Rieutord d’Aubrac puis à Nasbinals, petite station de ski de fond. Le ciel était chargé de gros nuages et nous avons fort heureusement trouvé un abri pour manger, la pluie tombait drue, ce qui ne m’a pas empêcher de ramasser quelques myrtilles qui me narguaient.
Ferme à Rieutord d’Aubrac : dégradé de toits
Eglise d'Aubrac
Le potager de Germaine
Sa tour des anglais transformée... en gîtes!