Du 17 au 23 décembre 2007 (2ème partie)

Mardi

         Il fait -12 quand je descends dans la vallée ce matin. C’est aujourd’hui que mes petits chamois, certainement affamés, se décident à me montrer le bout de leur nez. Je vous l’avais promis et je tiens mes promesses. Les voilà donc, peu farouches, tout juste méfiants…

                           

         Ce soir, discussion avec le maréchal ferrant de l’utilité de la ferrure. Cela peut sembler évident, nous mettons bien des chaussures nous. Et bien pour les chevaux, c’est un peu différent. C’est un animal, m’a-t-il expliqué, conçu pour vivre dans des pays arides, secs et caillouteux. C’est parce que nous les faisons vivre dans la mollesse de nos prés humides, que leurs pieds se fragilisent et deviennent plus sensibles. Il devient donc nécessaire de les chausser. Néanmoins il ne contre-indique pas le déferrage. Il y a malgré tout un temps d’adaptation de 6 mois à 1 an. Je vais essayer avec le mien. Il aura, par le fait, peut-être moins peur de glisser…

Mercredi

         Aujourd’hui, parmi tous les prospectus habituels, ceux qu’on regarde à peine et qui nourrissent nos poubelles, j’ai trouvé le calendrier du « sidéfage ». Voilà le rapport avec les poubelles…Le recyclage… Sur la première page, on y voit quatre enfants, cheveux bien courts pour les petits garçons et tirés en queue de cheval pour les petites filles, Il est entendu qu’ils sont tout bien comme il faut, le sourire aux lèvres, assis dans un pré fleuri et printanier. Un énorme papillon plane au-dessus d’eux, tel un soleil. Symbole de propreté. On me parle d’éco-citoyenneté (notez le trait d’union, Word ne connaît pas ce mot et le souligne en rouge. Word n’est pas écolo). Très intéressée par une telle présentation, je l’ouvre et parcours les feuillets les uns après les autres. Une phrase pour chaque mois (penses bêtes de la récupe, chiffres à l’appui) donnée par un petit garçon, petit homme en bleu, toujours surveillé par le papillon, dès fois qu’il nous raconte des bêtises. Quand j’étais à l’école primaire, c’était la maîtresse qui, journellement, écrivait une phrase de morale au tableau qu’il fallait lire tout haut, en cœur, après la prière. Maintenant, ce sont les enfants qui font la leçon aux parents. On le voit tous les jours dans les pubs de la télé (faites comme moi, coupez le son. Les images toutes seules sont très instructives). Il n’y a plus d’éducation possible avec ce système, ni de prières d’ailleurs. La dernière page est un résumé à apprendre: « au point vert, je recycle ! ». Le petit garçon se dévergonde avec forces clins d’oeils. Courant janvier, il y aura interro et ce sont les enfants qui noteront…

         J’attends le calendrier des postes avec impatience. J’ai déjà reçu celui des pompiers, des scouts, de mon banquier, de mon boucher, de mon boulanger, de mon pharmacien… N’en jetez plus ! ils encombrent les points verts…

Vendredi

         Et voilà, encore un qui m’a oubliée. Les gens n’ont plus la tête à ce qu’ils doivent faire. Ils ont déjà revêtu leurs costumes de fête et ont la tête dans les étoiles. Je suis une pauvre délaissée. Entre les malades et ceux qui s’en fichent et dont la rééducation n’est pas la priorité, ou tout simplement ont d’autres soucis en tête, il ne reste pas grand monde. Heureusement que j’ai les autres, ceux qui s’acharnent envers et contre tout. Eux au moins me réconfortent et me font dire que je sers à quelque chose. Après les fêtes, il faudra reprendre tout ce petit monde en main, scrogneugneu…

         Décembre n’est pas un mois faste. Heureusement c’est vacances pour moi jusqu’au 2 janvier. Ensuite, ça reprendra assez mollement car les vacances scolaires ne seront pas terminées.

      Ce soir, mise en bouteilles de ma liqueur de pélossettes (voir semaine du 29/10 au 04/11). Il n’y a plus qu’à la laisser vieillir (comme nous) quelques années.

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